je constate avec surprise, qu'il n'y a pas besoin de moi pour qu'un topic parte en vrille
@gbougard.... A propos de MPO, tes propos sont assez justes. En tant que petit label je vais te donner mon avis.... MPO est devenue la plus grosse usine a pressage mondiale (du moins c'est ce que j'avais lu dans une interview du boss, genre 2014).
Le problème de MPO c'est pas le pressage, ils font ca plutot bien... C'est le cutting (la gravure pour le néophytes...). Ca manque cruellement de personnalité comme souligné précédemment. C'est un peu plat, quelque soit le style, ca sonne toujours un peu pareil, très propre ceci dit, mais un peu fade. Ca manque aussi de gain meme quand t'envois un master à moins de dix minutes par face parce que tu veux une grosse patate, il ya du son mais il pourrait y en avoir plus et là tu fais un peu la gueule. Pourquoi, et bien parce que plus tu vas chercher à avoir une gravure extrême, plus tu vas pousser l'aiguille dans ses retranchements; sachant que c'est un consommable, j'ignore le prix mais j'imagine que -1) ca reduit le nombre d'accident, eviter que l'aiguille casse; -2) ca prévient une usure prématurée de l'aiguille, a long terme c'est donc plus rentable.
MPO dise eux mêmes qu'il baisse les masters de -1DB d'emblée.... Je pense que c'est souvent plus, en fonction du son aussi, notamment s'il ya beaucoup de basses, beaucoup d'aigus... LA plupart des masters qui leur arrivent dans les mains crachent du feu de dieu (à la mode d'aujourd'hui), facile de se dire, bon ben 2-3 DB en moins ca se verra pas....
Mais les pressages sont très propres, la solution? Faire le cutting chez un ingé son spécialisé, et filé le stamper à MPO pour pressage uniquement, plus simple, pas si cher etc.
Faut pas oublier que MPO c'est une usine qui cherche à être rentable dans un monde où le vinyl malgré un léger regain d'excitation reste un marché de niche.... Donc c'est compréhensible, on fais des cutting à la pelle; pas qu'on le fasse mal, mais on cherche à optimiser pas à ressortir le jus maximal et personnel de chaque substance qui leur est envoyé.
J'ai des digitaux anglais des 80s, les mecs traversaient déjà la manche pour faire venir presser chez MPO; sachant que l'angleterre niveau son, structure etc c'était le très haut niveau dans la musique mondiale. Donc raison gardée, MPO c'est pas non plus des rigolos
Ensuite par rapport à la collectionnite aigüe, les aristo-collectors etc... Pas que j'ai envie de relancer une énième fois un débat vieux comme les premiers repress, rouillé comme un marteau oublié dehors pendant l'hiver. Franchement t'as roulé un peu ta boss dans le son, t'as fais des trucs. Donc l'équilibre c'est l'équilibre, tu peux pas partir dans un extrême pour en contre carrer un autre.
Dans 30 ans, quand tu finiras ta vie en charentaise et qu'un p'tit jeune viendra à toi pour rééditer du taboo1, t'en seras flatté, honoré, content. Puis tu refuseras pas un p'tit billet vu que ta retraite sera pas non plus mirobolante, grâce aux sarko et macrons de tout poil. Tu vas me dire qu'à ce moment t'en auras pas grand chose à faire que le truc soit repressé d'un mp3, downloadé sur youtube? Si en plus le mec ne vient même pas te voir et se sucrera sur ton dos et celui de tes artistes, ca ne te posera pas de problèmes?
Personnellement en tant qu'anarcho-collectionneur-déviant, j'ai souvent souligné que c'est pas tant les repress le problème, mais la manière dont c'est fait. Un truc pas fait à partir de tape master pour moi, ca peut (par la magie des ingés sons) faire illusion. Mais bon à coup de compression dynamique, d'égaliseur, pour enfler les basses, flatter l'oreille du chaland, tout cela à partir d'un rip de disque numérique, c'est pas de la qualité primo; surtout quand on prétend aimer la musique jamaïcaine, qui a fait la part belle aux ingés sons. Faut en avoir du culot pour se dire qu'on peut se permettre de retoucher le mix de M'sieur Tubby et le master de SpiderMan ou de Pablo (cutters de DSR...)... Secundo il n'y a pas de transparence, d'une sortie à l'autre on se sait jamais si elle faite à partir d'un rip, d'un mp3 ou d'un master tape. L'argument du genre, c'est pas le rôle du vendeur de; ou encore les gens s'en foutent ils veulent juste que ce soit propre (vrai pour certains, faux pour d'autres). C'est bien le rôle du producteur/vendeur de faire preuve de transparence sur la qualité et la provenance de son produit (comme toujours mention spéciale à m'sieur carayol). Et puis si bons nombres de consommateurs sont pas ultra calés ou pas hyper pointilleux, certains le sont et quand le débat s'enflamment à ce propos depuis dix ou quinze ans, ca me semblerait normal de montrer patte blanche, de montrer qu'on mise sur la qualité, sur le respect des artistes; d'un point de vue business autant que d'un point de vue artistique.
Quand à faire 20 sorties dès son premier mois en tant que label, on peut se permettre d'avoir des doutes. Ce que toi t'appel un rythme olympique, moi j'appel ça à la chaîne. Je vais pas t'apprendre le capitalisme, le fordisme, le taylorisme... En toute chose, quantitatif et qualitatif s'opposent. A 20 sorties pour ton premier mois, tu me feras pas croire que tout vient de master tape, surtout vu la longueur et le coût demandé pour ce genre de processus; combien de studios dans le monde spécialisés dans la restauration de bandes? Sans trop me mouiller je dirai qu'on peut les compter sur les doigts de la main....
Ensuite point important: les prix exorbitants des collectors sont de la faute des vendeurs, qui ont sacrément les crocs soyons francs, autant que de l'avidité des collectionneurs qui trouvent acceptable voir tellement classe de foutre un prix à trois ou quatre chiffres, pour ecouter un 7" où le mec lui dit qu'il crêve la dalle dans son ghetto. Puis poster sa petite photo sur facebook pour faire le malin et flatter son égo devant ses milliers de fake amis jaloux et admiratif à la fois.
Enfin pour finir, je te dirai que tu n'as pas à défendre les activistes de la réédition becs et ongles parce que tu estimes en faire partie; et cela ne te dispense pas d'objectivisme, surtout quand tu prends le ton de vouloir être pondéré et raisonnable.
tu ne peux pas souligner l'incongruité d'utiliser le terme bourgeois du 16e, pour la phrase d'après dénoncer les collectionneurs fans de press originales et autre hard fi find d'"
aristo-collectors"... Le tableau que tu dépeints, décris bien un certains nombres d'allumés, seulement ils ont peut être leurs raisons et certains dont je fais partie ont été obligés de se radicaliser bon gré mal gré. Perso il ya douze ans quand j'ai commencé à acheter du vinyl, je m'en foutais des ORG, mais les titres que je cherchais n'existaient pas en repress (et les vendeurs de shop me disaient d'aller sur ebay pour les trouver, au lieu de faire leur job quand ils allaient en angleterre... pour ensuite s'insurger qu'ebay les tuaient à petit feu....). Puis par voie de conséquence, je me suis aperçu que les ORG étaient d'une qualité et d'une authenticité bien supérieures. Les choses ne vont pas en s'améliorant dans un monde ou tout doit aller très vite, le monde de la consommation à outrance, de l'illusion sur le produit vendu. La particularité extrême de la musique jamaïcaine, sa couleur, son grain, le coté fantaisiste de leurs ingés sons, sont pour beaucoup dans son originalité et sa personnalité; le nier ce serait renier ce qu'on aime... Alors les remasterings à la chaine, la standardisation des sonorités, gomme le fait que chaque tune avait un son qui lui était propre (peut d'ailleurs être bien chiant en selection)...
Bref je pourrai détailler toujours plus. Je conclurai en disant qu'il est inutile d'être trop naïf: en effet pour beaucoup de gens, il n'y a pas de petits profits... Que je suis ravi d'apprendre qu'il y avait plus de master tape que je ne le croyais, mais faut pas non plus me faire croire que les trois quarts du catalogue est dans un entrepôt a kingston ou dans les placards des artistes, une infime partie j'imagine. Alors les ultras archi obscures shaka killa c'est pas évident à trouver en tape....
Attention cher ami, à vouloir dénoncer des propos excessifs et hautains de ton point de vue, tu t'exposeras favorablement et montreras que tu es toi aussi obtu et tout aussi hautain que ton interlocuteur. On ne reproche que ce qu'on est soi même. Nietzsche disait "je ne vais voir dans l'autre qu'une confirmation de moi, je vais l'utiliser, l'instrumentaliser pour en faire un spectateur et non pas une rencontre.".... Quand à l'argument du, "faut y aller a fond des ballons dans les repress, vive la démocratisation de cette musique blablabla". Faut pas se leurrer, les press s'adresse à un public d'initiés, faudrait voir à pas surestimer l'impact de ce genre de travail sur l'accroissement du public reggae. C'est un marché de niche ça l'a toujours été. Ensuite à l'ère de youtube ton argument ne tient pas; il n'y a pas besoin de repress (foireux ou non) pour écouter les sons. A t'entendre tout cela c'est de la philantropie, je ne crois pas non. De la passion oui, sans oublier un aspect mercantile (sinon ce serait grauit ahah), autant qu'un égo trip (c'est moi je, moi je moi je qui l'ai faiiiit).... et Oui....
Tout mes respects pour le travail accompli, l'important étant que tu ais kiffé! Merci également de prendre le temps de partager des points de vue, pertinents et construits; que je rebondisse dessus ne veut pas dire que je les dédaigne, bien au contraire.
Quand à moi paraître hautain et arrogant ne me dérange pas; vu que c'est une fierté personnelle d'être un ayatollah du reggae. C'est d'ailleurs pour cela qu'on m'avait invité sur ce forum il ya maintenant dix ans ou pas loin, mine de rien. Et je rends grâce d'avoir autant partagé et d'avoir été initié par des gens de ce calibre. Pour ca que bien qu'on me boude un peu, j'y reviens toujours.
PS: du taboo1, j'en avais 2-3 il ya une vingtaine d'année; dont notamment le solid ground de brooks, sur lequel je t'avais posé des questions ici même mais qui sont restées sans réponse. Donc pour le SAV irréprochable, tu repasseras...
(ceci n'est qu'une plaisanterie, pas de premier degrès t'inquiètes mon choux)
bisous bisous gribougard.