babylonbwoy a écrit :Ok ok, pour la TVA et la concurrence déloyale disons que ce sont des concurrents qui me disent ça en privé..
Le business de la réédition c'est en mode Tribal War..
On se demande bien pourquoi ces gus se tirent dans les pattes. Pourquoi ne peuvent-ils pas etre un peu plus en accord avec les "valeurs" du reggae: solidarite, respect, paix?
Tous les labels de reedition sont des micro-entreprises animees par des passionnes pour lesquels l'argent n'est pas la principale source de motivation. Faudrait en effet etre completement debile pour se lancer par appat du gain: les tirages sont bien trop faibles pour generer de quoi vivre de cette activite. Tout au plus, cette derniere, si elle est subventionnee (on loge gratos, on a un taf ou le RSA a cote, ou on vit avec une nana qui a un taf stable, etc...) permet-elle de gagner de quoi financer la prochaine sortie.
Illustration:
un label reedite un 45t jusqu'alors seulement dispo a 500E en press original sur Discogs. Il en presse 500 et les vend 8 Euros piece
Chiffre d'affaires possible (je dis bien possible car ca suppose qu'il n'y ait pas d'invendus) = 4,000 E
Pressage (je prends les prix de chez Optimal, car je travaille avec eux) = 1,135
Royalties (prenons 16%) = 640
SDRM (environ 8%) = 320
Restauration sonore = 150, on suppose que par miracle, on ait un exemplaire gratuit de l'original est bonne condition! Souvent il faut l'acheter sur ebay/discogs et ca peut etre bonbon.
Mastering = 100
A la fin, il reste 4000-1135-640-320-150-100 = 1,655
Bien evidemment il y a des variantes, mais les grandes masses, et surtout le resultat final, changent peu, on est compris entre 1,000 et 2,000
Si on met plusieurs mois a ecouler sa came, le montant des frais supportes d'emblee (press, SDRM, avance sur royalties, mastering, restauration, etc...) est difficile a supporter
A supposer qu'on recupere rapidement son investissement, on n'a pas paye le phone/internet, l'ordi, l'electricite, la pub, etc... et bien entendu pas de salaire pour l'animateur du label
Bref, si tu as un femme et des enfants avec un loyer etc... tu fais comment? C'est sans doute pour cette raison que la plupart des labels sont animes par des hommes (plus enclins a des coups de folie, car il faut etre un peu deglingue du cerveau pour se lancer dans un label de reggae), celibataires et sans enfants (donc sans besoins financiers) et jeunes (naifs encore mus par la passion!).
Pour en revenir au commentaire de babylonbwoy, et sachant que le manque de fric desoriente souvent les esprits, on comprend que certains craquent et deviennent amers, jaloux, paranos et se tirent dans les pattes. Surtout quand il s'agit d'un mec atypique comme le boss de TRS. Un Australien qui s'installe en France? Wow, ca cache quelque chose! En plus, en bon Australien, il s'exprime sans filtre: ca peut heurter certains et froisser leurs esprits Franco-racornis aux tendances xenophobes, disons le franchement... Alors que le mec est adorable et super accommodant. Il ne fait d'ailleurs pas exception: j'en connais peu qui sont penibles.
Enfin, j'espere que les quelques chiffres exposes plus haut permettront de tuer le mythe que les labels de reedition sont de mechants predateurs qui volent les consommateurs en imposant des prix outrageants. C'est faux, si les prix sont plus eleves que par le passe, c'est parce que les quantites sont beaucoup plus faibles du fait d'une demande elle aussi bien moindre. Sans vouloir faire de cours d'economie, on sait que la structure des depenses des consommateurs a depuis une vingtaine d'annees detourne d'enormes sommes de la musique vers d'autres depenses plus ou moins discretionnaires comme les forfaits de portable, jeux video, sape, cosmetiques pour les filles, etc... Si on baisse ses prix, la demande ne suit pas puisque les consommateurs ont de toutes facons fait d'autres choix de depenses. Par contre, les couts fixes, eux, restent. Donc il ne faut pas s'attendre a une inversion de cette tendance et plutot a une disparition progressive du vinyl en faveur du digital.