C'est vrai que c'est plutôt omniprésent en ce moment. Perso je n'y adhère pas (je suis un optimiste mélancolique
mais je ne lis rien sur le sujet) et je suis surpris à la fois du manque d'angles de vue et de recul dans le débat, c'est une forme d'acceptation passive et unilatérale de toutes les clauses, où une forme de panique semble limiter la richesse de la réflexion. Moi c'est ça que je trouve le plus angoissant. Ce à quoi je n'adhère pas c'est qu'on peut précisément planifier un collapsus proche et qu'on saurait comment changer les choses de manière juste. Parce que je crois que ce n'est pas le changement qui fait peur, il y a aussi des raisons de s'en réjouir, c'est l'extinction. C'est mon avis, j'écris parfois de manière affirmative dans la suite mais je ne viens donner de leçons à personne, c'est juste mon avis.
Mais je suis épaté de voir l'effet viral. C'est les témoins de Jéhovah qui doivent être contents, depuis le temps qu'ils l'annoncent
Ce qui me frappe c'est que à peu près rien n'a changé en soi, entre le moment où ça n'inquiétait personne et maintenant. Alors qu'il y avait déjà des raisons des s'inquiéter avant mais pas vraiment de raisons de plus s'inquiéter tout d'un coup. Ce que je veux dire c'est que la soudaineté de ce phénomène à une large échelle a un côté totalement irrationnel, c'est un emballement émotionnel.
Je n'adhère pas à l'urgence des changements proposés pour plusieurs raisons. La première est que cette espèce de crispation de panique ne peut que conduire à de la merde au niveau social et entre humains au sens large. Et qu'en plus cette crispation est souvent déguisée derrière des causes justes. Une forme de repli sur soi et de crispation, souvent derrière des discours plaidant la cause commune et l'harmonie générale, moi je vois parfois beaucoup d'égo, d'autovalorisation, d'argent et de gens qui soudain réalisent qu'un jour ils vont mourir, c'est aussi valables pour les quelques collapsologues que j'ai entendus (merde ils font leur blé là dessus quand même... ils doivent défendre leur cause et leur financement aussi). Je connais des personnes qui voudraient qu'on limite le nombre d'enfants par couple par mesure écologique. Pour moi c'est assez emblématique. Ce genre de raisonnements me fait vomir. Vouloir faire porter le chapeau à la génération d'après pour les excès de la génération de maintenant. Tout ça déguisé en "écologie" et en empathie pour l'humanité alors que c'est surtout des gens qui ont peur pour leur petits culs et leurs privilèges. C'est cette hypocrisie à laquelle je ne peux pas adhérer chez certains qui m'entourent, cette tendance à déguiser en cause universelle la crainte de perdre ses propres privilèges. Être cohérent pour moi c'est plus assumer des mauvais choix que de se dissimuler derrière des fausses causes. Et je crains vraiment certains projets d'avenir "adapté à la situation" comme la pire des solutions. Bon je m'écarte là...
Je n'y adhère pas parce c'est cette angoisse qui peut causer le collapsus. Tout notre monde est basé sur l'abondance certes factice mais qui néanmoins permet de fortement atténuer toutes les tensions sociales et de vivre à peu près ensemble. Et à l'échelle individuelle, même ceux qui ont un mode de vie prétendant sortir du système profitent très directement de l'abondance. Je crois que la rupture de l'abondance, si elle a lieu, pourrait être douloureuse au niveau social et géopolitique, on a eu moults exemples historiques qui nous rappellent que rien n'est acquis en terme d'humanité. On se rend quand même assez compte que si ça tourne, c'est pas des boîtes de conserves qui vont nous sauver. Ce qu'il faut c'est que ça tourne pas d'un coup au niveau du repli sur soi. Et le seul truc qui peut tout faire tourner d'un coup dans ce sens, très brutalement, à mon avis c'est cette angoisse. Donc en soi elle n'apporte rien. Je préférerais vraiment qu'un changement vienne par une crise économique globale. On aurait plein de trucs à réapprendre en vivant avec plus de sobriété, à coopérer plus, à être moins dépendants. Ca serait dur mais pas fin du monde et pas en considérant l'autre comme celui qui est la cause du problème.
Je n'y adhère pas parce que c'est un problème de riches et notre perception de la réalité n'est pas celle du monde. J'ai rencontré un Syrien kurde qui a dû fuir son pays, tout laisser sa vie derrière, ses enfants au combat, pour atterrir chez nous dans un pays où il n'a aucun repère, pas de travail, pas de statut clair et qui voit tous les espoirs pour que la vie des kurdes s'améliore chez lui être anéantis par la politique. Nos gémissements climatiques ou apocalyptiques n'ont strictement aucun sens pour sa réalité à lui, il les perçoit comme quelque chose de relativement pathétique. Une maladie de riches qui englués dans leur problèmes de consommation ne réalisent plus vraiment ce que peuvent être les difficultés profondes du quotidien ni la chance de vivre en paix et libres. Ça ne veut pas dire pour autant qu'il ne faille rien changer ou craindre mais ça doit nous rappeler que la réalité comme on la perçoit est quelque chose d'assez relatif à l'endroit, la personne et les courants d'idées et émotionnels qui y transitent. Je ne fais pas du tout la leçon, qu'on soit clair, c'est pour expliquer mes raisons.
Je n'y adhère pas parce notre esprit est un très mauvais outil de planification de l'avenir. On a tendance à se projeter de manière linéaire, comme si la direction que prennent les choses allait continuer dans le même sens, toujours. Et quand on regarde au bout de cette ligne, il y a de quoi avoir peur. Mais cette continuité n'existe jamais. ET la planification de la complexité nous échappe. Et notre esprit craint beaucoup de ne pas pouvoir anticiper. Je te conseille la lecture d'un bouquin d'un auteur d'origine libanaise que j'ai beaucoup aimé qui s'appelle "Le cygne noir" de Nassim Nicholas Taieb qui décrit bien nos biais de conception et la manière qu'on a de les valider, pour les phénomènes qui dépassent notre entendement. Ca incite ne pas baser son présent sur la planification complexe de l'avenir. A juste ne pas oublier d'être là, de regarder ses enfants grandir avec joie, plutôt que de moins en profiter par angoisse de leur avenir.
Je n'y adhère pas parce qu'on est pas si important que ça. Si on crève, on crève, autant crever en se marrant. La vie sur terre elle, s'en remettra, il n'y a aucun doute la dessus. Elle est passée par des crises hallucinantes où 98% des la diversité disparaissait et c'est toujours suivi d'un abondante diversification qui génère plein de nouveaux grands groupes et espèces. C'est une aubaine pour certains groupes. Alors les craintes autour de la biodiversité tournent essentiellement autour de sauver notre petit cul à nouveau. Les espèces dont "on a besoin". Je dis pas que c'est rien que la biodiversité morfle, mais à nouveau, je trouve le débat biaisé, on nous parle de valeurs universelles dans la relation avec l'environnement alors que c'est souvent la crainte de disparaître qui parle. C'est pas si grave si on disparaît. Et c'est pas si grave non plus si certaines espèces disparaissent. Sans chercher à justifier notre mode de vie.
Je n'y adhère pas parce que les solutions proposées ont une conception toute puissante de l'homme. La cause serait notre volonté. Et par notre volonté on pourrait changer la cause. On aurait une responsabilité morale envers les autres espèces et envers les uns les autres et ceux du futur. On devrait sauver la société et la planète. Toutes ces conceptions supposent une cause universelle qu'on peut réaliser par la volonté, par notre position supérieure capable de choisir le sens et l'avenir du reste et suppose aussi qu'on est des êtres rationnels. Je ne crois ni à l'un ni à l'autre. Merde, ma vie en est une illustration pure. Et les seuls êtres que j'ai rencontré qui m'aient paru cohérents et sages étaient ceux qui acceptaient notre incohérence, pas des gens qui simulaient ou glorifiaient une cohérence fictive. Si on n'est pas capables en réalité de changer les choses tous ensemble, pourquoi se torturer avec? Tu risques de mourir à n'importe quel moment, mais n'ayant pas d'emprise dessus, tu ne t'en préoccupes pas vraiment, inutile de s'en préoccuper à chaque instant, ou alors c'est une angoisse terrible et inutile qui va te pourrir la partie de vie qui te reste. Là c'est la même chose pour moi. Et pour les solutions globales proposées, dès que des grandes causes morales prennent des allures de rationalité universelle il y a du souci à se faire car le non-droit à les remettre en question laisse les coudées franches aux excès immondes. Eugénisme, darwinisme social, toutes des idées morales qui ont été déguisées derrière des idées rationnelles et qui demandent que l'homme maîtrise globalement sa propre destinée. Je n'y crois pas. Notre perception de la réalité est limitée, tout comme notre capacité à comprendre nos propres choix et à choisir nos propres décisions.
Mais dans tous les cas, je trouve ce moment intéressant. Autant au niveau social, d'observer comment ça se déroule et comment ça passe par des voies autres que rationnelles... tout d'un coup c'est là, pourquoi pile là à ce moment et pas avant ou après... on sait pas... Comment ces fluctuations émotionnelles transitent gonflent et puis... quoi? ça va être intéressant de voir sur quoi ça débouche. En tout cas, un point que je trouve positif c'est de réaliser à quel point on est consommateur, moi le premier et tous dans le même sac ou presque. C'est vraiment dingue. Je regardais des étudiants qui portaient un pull "save our planet" en ville et je me disais que c'était un peu ça qui était bizarre, c'est que même le combat pour sauver la planète passe par la consommation (d'habits en l'occurence) et par sa propre image. On est tous prisonniers de ça. Et pour ces étudiants en ville, chaque aspect de leur vie est dépendant des services et de la consommation, la refuser c'est comme refuser le sein pour un bébé, ça n'a aucun sens. Alors bien sûr que ça va continuer, ça ne peut que continuer. Mais peut-être un peu différemment. Mais le degré de dépendance est hallucinant. Le réaliser est un point positif, je n'y avais pas vraiment réfléchi avant alors même que la recherche d'autonomie m'a toujours paru stimulante. Je ne suis pas dans un état de survie et je ne fais pas de réserves, ce n'est pas à ce niveau que je trouve intéressant la réflexion, c'est de voir le monde qu'on a créé, sans tomber directement dans le jugement de valeur. Et les combats qui s'y mènent et la forme qu'ils ont.
Et ça aura de l'impact, c'est omniprésent autour de moi. J'aurais aimé soutenir cette tendance à réformer, car l'aspect environnemental va dans un sens que je soutient. Mais le projet qui m'entoure me fait en réalité un peu froid dans le dos, je n'y retrouve ni la joie de vivre, ni l'amour, ni la communauté, ni la recherche de liberté, juste la peur de l'extinction et elle me semble un piètre guide. Voilà ce que je pense de l'anticipation du collapsus. Quelque chose se passera. Tiiiimmme allooone, oh time will tell!
Bon j'ai un peu mélangé la cause climatique et le collapsus global dans mes propos... mais bon il y a un lien, navré si ça part dans tous les sens
Cane river c'est justement le plaisir d'être simplement ensemble, c'est ça qu'on doit cultiver
Et aussi du bon son... Forward ever, backward never! Et aussi viens boire une bière chez moi!