Rasta et Egypte

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Nohay

Re: Rasta et Egypte

Message par Nohay » 14 avr. 2010 18:12

De toute façon même Jésus est déjà aller partout. On retrouve sa trace en Amérique of course (d'ailleurs c'est pour ça qu'ils savaient qu'on reviendrait foutre le boxon, il les avait prévenu) mais ailleurs également. J'ai même retrouvé sa trace en Inde et jusqu'au fin fond du tibet. Ils l'ont tous connu là-bas, il passait de temps en temps. Les gens le prenait pour un cousin éloigné de bouddha, ou même bouddha lui même ayant encore atteint un degrés d'évolution telle... Bref, c'est donc le seul mec (est-ce donc un homme, c'est bien la question!) qui est revenu, partout d'ailleurs et même mort. Et puis parfois il est noir.

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noah
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Message par noah » 14 avr. 2010 18:41

Pfouu Ka, ca c'est de la Kulcha, respect.

Les explications sont tout a fait compréhensibles.
Je ne connais pas assez bien le domaine mais ton explication tiens la route.
J'avais lu un livre la dessus. Fela Kuti etait un fervent defenseur de cette theorie (sur l'egypte) si mes souvenirs sont bons.

Toni0

Message par Toni0 » 14 avr. 2010 21:58

Tout ça est très intéressant, mais globalement, excusez ma franchise ou peut etre mon ignorance, il me semble que les pharaons étaient d'ignobles exploiteurs de peuple au profit de leur seule gloire, pas spécialement humanistes donc. Et qui baisaient leur soeur car faudrait pas trop se mélanger non plus. Evidemment c'est vu de notre époque bien lointaine, et ça n'enlève rien à l'intérêt de cette culture, mais quand même...
Cela dit Ka le logo est joli je n'aurais pas pensé à émettre une critique pour ça... il faut savoir prendre dans le passé ce qui est beau en oubliant ce qui l'était moins. Et je vous autorise à m'insulter.

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Groovybass
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Message par Groovybass » 14 avr. 2010 22:30

Nohay a écrit :De toute façon même Jésus est déjà aller partout. On retrouve sa trace en Amérique of course (d'ailleurs c'est pour ça qu'ils savaient qu'on reviendrait foutre le boxon, il les avait prévenu) mais ailleurs également. J'ai même retrouvé sa trace en Inde et jusqu'au fin fond du tibet. Ils l'ont tous connu là-bas, il passait de temps en temps. Les gens le prenait pour un cousin éloigné de bouddha, ou même bouddha lui même ayant encore atteint un degrés d'évolution telle... Bref, c'est donc le seul mec (est-ce donc un homme, c'est bien la question!) qui est revenu, partout d'ailleurs et même mort. Et puis parfois il est noir.
N'importe quoi ! :sarcasm: Nono tu sors. :)

KA Records

Message par KA Records » 14 avr. 2010 22:41

Après c'est sujet à débat Tonio, comme tu le dis... je pense que le terme de "ignoble exploiteur de peuple" pourrait être nuancé, c'était un souverain, dans une organisation politique et sociale donnée, assez particulière, et qui je le répète était assez égalitaire. Je le redis, l'image du peuple exploité pour la construction des grands monuments relève en partie de l'imaginaire collectif et des représentations hollywoodiennes. Ce système n'est pas exempt de reproches, mais lequel ne l'est pas ? La démocratie athénienne, tellement mise sur un piédestal, était fondée sur une organisation où le quart de la population était esclave et n'avait aucun droit, sans parler du rôle des femmes.
Par rapport au coup de l'inceste, je suis réservé, j'aimerai avoir plus de sources fiables sur ce sujet ; on a tellement l'habitude de nous balancer des infos spectaculaires et inédites comme celles la...

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Message par Groovybass » 14 avr. 2010 22:52

De toute façon je pense que le logo de KA Records est une sorte de référence à une certaine "sagesse" de l'Egypte ancienne (il l'a expliqué), pas une glorification des pharaons. Un symbole, quoi (de la même façon que mon avatar Red Stripe est une référence à la Jamaique, pas une glorification de l'alcool ou une publicité pour la marque ! :) ).

KA Records

Message par KA Records » 14 avr. 2010 22:58

Exact Groovybass! :slide:

Toni0

Message par Toni0 » 14 avr. 2010 23:09

D'accord avec le fait que d'autres civilisations antiques n'étaient pas forcément mieux... mais société égalitaire surement dans une certaine mesure, mais le pharaon étant un espèce de dieu vivant, il ne se place même pas dans la société. Contairement à la grêce démocratique où le pouvoir est exercé par les citoyens. Cela explique aussi l'inceste, pratique des dieux dans leur mythologie. Je n'ai pas de source sure mais je crois que c'est admis (cf wikipedia sur l'inceste).
En tout cas la société peut etre riche culturellement même si sa direction est très contestable (n'y voir aucune allusion à aucune forme de société moderne :) )

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anbessa
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Message par anbessa » 16 avr. 2010 16:30

Un "peu" de lecture.... Tiré du site http://www.cheikhantadiop.net/" onclick="window.open(this.href);return false;


Cheikh Anta Diop naît en 1923 dans un petit village du Sénégal, Caytou. L'Afrique est sous la domination coloniale européenne qui a pris le relai de la traite négrière atlantique commencée au 16ème siècle. La violence dont l'Afrique est l'objet, n'est pas de nature exclusivement militaire, politique et économique. Théoriciens (Voltaire, Hume, Hegel, Gobineau, Lévy Bruhl, etc.) et institutions d'Europe (l'institut d'ethnologie de France créé en 1925 par L. Lévy Bruhl, par exemple), s'appliquent à légitimer au plan moral et philosophique l'infériorité intellectuelle décrétée du Nègre. La vision d'une Afrique anhistorique et atemporelle, dont les habitants, les Nègres, n'ont jamais été responsables, par définition, d'un seul fait de civilisation, s'impose désormais dans les écrits et s'ancre dans les consciences. L'Égypte est ainsi arbitrairement rattachée à l'Orient et au monde méditerranéen géographiquement, anthropologiquement, culturellement.

C'est donc dans un contexte singulièrement hostile et obscurantiste que Cheikh Anta Diop est conduit à remettre en cause, par une investigation scientifique méthodique, les fondements mêmes de la culture occidentale relatifs à la genèse de l'humanité et de la civilisation. La renaissance de l'Afrique, qui implique la restauration de la conscience historique, lui apparaît comme une tâche incontournable à laquelle il consacrera sa vie.

C’est ainsi qu’il s'attache, dès ses études secondaires à Dakar et St Louis du Sénégal, à se doter d'une formation pluridisciplinaire en sciences humaines et en sciences exactes, nourrie par des lectures extrêmement nombreuses et variées.S'il acquiert une remarquable maîtrise de la culture européenne, il n'en est pas moins profondément enraciné dans sa propre culture. Sa parfaite connaissance du wolof, sa langue maternelle, se révèlera être l'une des principales clés qui lui ouvrira les portes de la civilisation pharaonique. Par ailleurs, l'enseignement coranique le familiarise avec le monde arabo-musulman.

A partir des connaissances accumulées et assimilées sur les cultures africaine, arabo-musulmane et européenne, Cheikh Anta Diop élabore des contributions majeures dans différents domaines. L'ensemble se présente comme une œuvre cohérente et puissante qui fait de Cheikh Anta Diop un savant et un humaniste.

On se propose dans une première partie de dégager de manière concise quelques-uns des traits essentiels de son œuvre. En second lieu, on présente la poursuite de l'œuvre du savant dans le domaine de l'histoire et de l'égyptologie.



L'œuvre de Cheikh Anta Diop

La reconstitution scientifique du passé de l'Afrique et la restauration de la conscience historique

Au moment où Cheikh Anta Diop entreprend ses premières recherches historiques (années 40) l'Afrique noire ne constitue pas "un champ historique intelligible" pour reprendre une expression de l'historien britannique Arnold Toynbee. Il est symptômatique qu'encore au seuil des années 60, dans le numéro d'octobre 1959 du Courrier de l'UNESCO, l'historien anglo-saxon Basile Davidson introduise son propos sur la "Découverte de l'Afrique" par la question : "Le Noir est-t-il un homme sans passé ?"

Dans son récent ouvrage Cheikh Anta Diop, Volney et le Sphinx, Théophile Obenga montre magistralement en quoi consiste l'originalité et la nouveauté de la problématique historique africaine ouverte et développée par Cheikh Anta Diop :

"En refusant le schéma hégélien de la lecture de l'histoire humaine, Cheikh Anta Diop s'est par conséquent attelé à élaborer, pour la première fois en Afrique noire une intelligibilité capable de rendre compte de l'évolution des peuples noirs africains, dans le temps et dans l'espace [...] Un ordre nouveau est né dans la compréhension du fait culturel et historique africain. Les différents peuples africains sont des peuples "historiques" avec leur État : l'Égypte, la Nubie, Ghana, Mali, Zimbabwe, Kongo, Bénin, etc. leur esprit, leur art, leur science. Mieux, ces différents peuples historiques africains s'accomplissent en réalité comme des facteurs substantiels de l'unité culturelle africaine". [Théophile Obenga, Leçon inaugurale du colloque de Dakar de février-mars 1996 intitulé : "L'œuvre de Cheikh Anta Diop - La Renaissance de l'Afrique au seuil du troisième millénaire", Actes du colloque de Dakar à paraître).

Nations nègres et Culture – De l'Antiquité nègre égyptienne aux problèmes culturels de l'Afrique d'aujourd'hui– que publie en 1954 Cheikh Anta Diop aux Éditions Présence Africaine créées par Alioune Diop est le livre fondateur d'une écriture scientifique de l’histoire africaine. La reconstitution critique du passé de l'Afrique devient possible grâce à l'introduction du temps historique et de l'unité culturelle. La restauration de la conscience historique devient alors elle aussi possible.

Les principales thématiques développées par Cheikh Anta Diop

Les thématiques présentes dans l'œuvre de Cheikh Anta Diop peuvent être regroupées en six grandes catégories :

a. L'origine de l'homme et ses migrations. Parmi les questions traitées : l'ancienneté de l'homme en Afrique, le processus de différentiation biologique de l’humanité, le processus de sémitisation, l’émergence des Berbères dans l’histoire, l'identification des grands courants migratoires et la formation des ethnies africaines.

b. La parenté Égypte ancienne/Afrique noire. Elle est étudiée selon les aspects suivants : le peuplement de la vallée du Nil, la genèse de la civilisation égypto-nubienne, la parenté linguistique, la parenté culturelle, les structures socio-politiques, etc.

c. La recherche sur l'évolution des sociétés. Plusieurs développements importants sont consacrés à la genèse des formes anciennes d'organisation sociale rencontrées dans les aires géographiques méridionale (Afrique) et septentrionale (Europe), à la naissance de l'État,.à la formation et l'organisation des États africains après le déclin de l'Égypte, à la caractérisation des structures politiques et sociales africaines et européennes avant la période coloniale ainsi qu'à leur évolution respective, aux modes de production, aux conditions socio-historiques et culturelles qui ont présidé à la Renaissance européenne.

d. L'apport de l'Afrique à la civilisation. Cet apport est restitué dans de nombreux domaines : la métallurgie, l'écriture, les sciences (mathématiques, astronomie, médecine, ...), les arts et l'architecture, les lettres, la philosophie, les religions révélées (judaïsme, christianisme, islam), etc.

e. Le développement économique, technique, industriel, scientifique, institutionnel, culturel de l'Afrique. Toutes les questions majeures que pose l'édification d'une Afrique moderne sont abordées : maîtrise des systèmes éducatif, civique et politique avec l'introduction et l'utilisation des langues nationales à tous les niveaux de la vie publique ; l'équipement énergétique du continent ; le développement de la recherche fondamentale ; la représentation des femmes dans les institutions politiques ; la sécurité ; la construction d'un État fédéral démocratique, etc. La création par Cheikh Anta Diop du laboratoire de datation par le radiocarbone qu'il dirige jusqu'à sa disparition est significative de toute l'importance accordée à "l'enracinement des sciences en Afrique".

f. L'édification d'une civilisation planétaire. L'humanité doit rompre définitivement avec le racisme, les génocides et les différentes formes d’esclavage. La finalité est le triomphe de la civilisation sur la barbarie. Cheikh Anta Diop appelle de ses vœux l'avènement de l'ère qui verrait toutes les nations du monde se donner la main "pour bâtir la civilisation planétaire au lieu de sombrer dans la barbarie" (Civilisation ou Barbarie, 1981). L’aboutissement d’un tel projet suppose :

- la dénonciation de la falsification moderne de l'histoire : "La conscience de l'homme moderne ne peut progresser réellement que si elle est résolue à reconnaître explicitement les erreurs d'interprétations scientifiques, même dans le domaine très délicat de l'Histoire, à revenir sur les falsifications, à dénoncer les frustrations de patrimoines. Elle s'illusionne, en voulant asseoir ses constructions morales sur la plus monstrueuse falsification dont l'humanité ait jamais été coupable tout en demandant aux victimes d'oublier pour mieux aller de l'avant" (Cheikh Anta Diop, Antériorité des civilisations nègres – mythe ou vérité historique ?, Paris, Présence Africaine, p. 12).

- la réaffirmation de l'unité biologique de l'espèce humaine fondement d’une nouvelle éducation qui récuse toute inégalité et hiérachisation raciales : "... Donc, le problème est de rééduquer notre perception de l'être humain, pour qu'elle se détache de l'apparence raciale et se polarise sur l'humain débarrassé de toutes coordonnées ethniques." (Cheikh Anta Diop, "L'unité d'origine de l'espèce humaine", in Actes du colloque d'Athènes : Racisme science et pseudo-science, Paris, UNESCO, coll. Actuel, 1982, pp. 137-141).

L'ensemble de ces grandes problématiques définit de façon claire et cohérente un cadre, des axes et un programme de travail.

L'apport méthodologique et les acquis du colloque du Caire

Pour sortir l'Afrique du paradigme anhistorique et ethnographique dans lequel anthropologues et africanistes l'avaient confinée Cheikh Anta Diop adopte une méthodologie de recherche qui s'appuie sur des études diachroniques, le comparatisme critique, la pluridisciplinarité : archéologie, linguistique, ethnonymie/toponymie, sociologie, sciences exactes, etc.. Grâce à une approche à la fois analytique et synthétique il lui a été possible de rendre aux faits historiques, sociologiques, linguistiques, culturels du continent africain, leur cohérence et leur intelligibilité. La nouvelle méthodologie en matière d'histoire africaine que préconise et met en œuvre Cheikh Anta Diop dans ses travaux est exposée dans son livre Antériorité des civilisations nègres – mythe ou vérité historique ?, (op. cit., pp. 195-214) et largement commentée par le professeur Aboubacry Moussa Lam (cf. bibliographie).

S'agissant de l'Égypte ancienne alors étudiée dans son contexte négro-africain, Cheikh Anta Diop écrit :

"Partant de l'idée que l'Égypte ancienne fait partie de l'univers nègre, il fallait la vérifier dans tous Ies domaines possibles, racial ou anthropologique, linguistique, sociologique, philosophique, historique, etc. Si l'idée de départ est exacte, l'étude de chacun de ces différents domaines doit conduire à la sphère correspondante de l'univers nègre africain. L'ensemble de ces conclusions formera un faisceau de faits concordants qui éliminent le cas fortuit. C'est en cela que réside la preuve de notre hypothèse de départ. Une méthode différente n'aurait conduit qu'à une vérification partielle qui ne prouverait rien. Il fallait être exhaustif" (Cheikh Anta Diop, Antériorité des civilisations nègres – mythe ou vérité historique ?, Paris, Présence Africaine, 1967, p. 275).

En 1970, l'UNESCO sollicite Cheikh Anta Diop pour devenir membre du Comité scientifique international pour la rédaction d'une Histoire générale de l'Afrique. Son exigence d'objectivité le conduit à poser trois préalables à la rédaction des chapitres consacrés à l'histoire ancienne de l'Afrique. Les deux premiers consistent en la tenue d'un colloque international, organisé par l'UNESCO, réunissant des chercheurs de réputation mondiale, pour d'une part, traiter de l'origine des anciens Égyptiens, et d'autre part faire le point sur le déchiffrement de l'écriture méroïtique. En effet, une confrontation des travaux de spécialistes du monde entier lui paraissait indispensable pour faire avancer la science historique. Le troisième préalable concerne la réalisation d'une couverture aérienne de l'Afrique afin de restituer les voies anciennes de communication du continent.

C'est ainsi que se tient au Caire du 28 janvier au 3 février 1974, organisé par l'UNESCO dans le cadre de la Rédaction de l'Histoire générale de l'Afrique, le colloque intitulé : "Le peuplement de l'Égypte ancienne et le déchiffrement de l'écriture méroïtique".

Ce colloque rassemble une vingtaine de spécialistes appartenant aux pays suivants : Égypte, Soudan, Allemagne, USA, Suède, Canada, Finlande, Malte, France, Congo et Sénégal. La contribution très constructive des chercheurs africains tant au plan méthodologique qu'au niveau de la masse des faits apportés et instruits, a été reconnue par les participants et consigné dans le compte-rendu du colloque, notamment dans le domaine de la linguistique : "un large accord s'est établi entre les participants". "Les éléments apportés par les professeurs DIOP et OBENGA ont été considérés comme très constructifs. (…) Plus largement, le professeur SAUNERON a souligné l'intérêt de la méthode proposée par le professeur OBENGA après le professeur DIOP. L'Égypte étant placée au point de convergence d'influences extérieures, il est normal que des emprunts aient été faits à des langues étrangères ; mais il s'agit de quelques centaines de racines sémitiques par rapport à plusieurs milliers de mots. L'égyptien ne peut être isolé de son contexte africain et le sémitique ne rend pas compte de sa naissance ; il est donc légitime de lui trouver des parents ou des cousins en Afrique."[cf. Histoire générale de l’Afrique, Paris, Afrique/Stock/Unesco, 1980, pp. 795-823].

S'agissant de la culture égyptienne : "Le professeur VERCOUTTER a déclaré que, pour lui, l'Égypte était africaine dans son écriture, dans sa culture et dans sa manière de penser. Le professeur LECLANT a reconnu ce même caractère africain dans le tempérament et la manière de penser des Égyptiens."

Le rapport, dans sa conclusion générale indique que "La très minutieuse préparation des communications des professeurs Cheikh Anta DIOP et OBENGA n'a pas eu, malgré les précisions contenues dans le document de travail préparatoire envoyé par l'UNESCO, une contrepartie toujours égale. Il s'en est suivi un véritable déséquilibre dans les discussions."

Depuis 1974, les découvertes archéologiques, les études linguistiques, les études génétiques, l'examen de la culture matérielle, l'étude de la philosophie, etc. ne font que confirmer chaque jour davantage les grandes orientations de recherche recommandées par le Colloque du Caire.



La postérité intellectuelle

Dans le domaine de l'égyptologie, par exemple, une communauté d'égyptologues africains existe désormais. Elle s’est constituée selon les étapes ci-après.

La période de la recherche solitaire 1946-1970

Jusqu'au début des années 1970, Cheikh Anta Diop poursuit, dans une totale solitude intellectuelle, ses recherches sur la parenté existant entre l'Égypte ancienne et le reste de l'Afrique noire engagées déjà depuis plus d'une vingtaine d'années. Un veto s'oppose implacablement à ce qu'il enseigne à l'Université de Dakar. Deux conséquences immédiates en découlent : l'impossibilité d'orienter et de former les jeunes générations d'historiens et d'égyptologues africains, et celle de procéder au renouvellement complet des "Études africaines" tant sur le plan du contenu de l'enseignement (intégration des antiquités égypto-nubiennes, etc.) que sur celui des critères de compétence.

Théophile Obenga rencontre Cheikh Anta Diop

Au début des années 60, Théophile Obenga, découvre le livre de Cheikh Anta Diop Nations nègres et Culture. Théophile Obenga, est déjà formé à la philosophie et il maîtrise le grec ancien ainsi que le latin. Il s'oriente de manière décisive vers l'égyptologie et la linguistique. Il suit les enseignements de grands noms de la linguistique historique comme Henri Frei à l'Université de Genève et Émile Benveniste au Collège de France à Paris. Les premiers résultats des recherches de Théophile Obenga en histoire et en linguistique paraissent dans des articles dès 1969. C'est en 1973, qu'il publie aux Éditions Présence Africaine son premier grand livre, L'Afrique dans l'Antiquité - Égypte pharaonique/Afrique Noire. Le lecteur y trouvera entre autres des chapitres fondamentaux consacrés à la comparaison de la langue égyptienne ancienne et des langues négro-africaines contemporaines, ainsi qu'aux écritures anciennes du continent africain.

Cheikh Anta Diop n'est désormais plus seul. Il le sait et il exprime l'espoir, dans sa préface au livre de Théophile Obenga, de voir se constituer à terme une équipe de chercheurs africains : "Il est indispensable de créer une équipe de chercheurs africains où toutes les disciplines sont représentées. C'est de la sorte qu'on mettra le plus efficacement possible la pensée scientifique au service de l'Afrique.", avec la mise en garde préalable suivante : "Puissent-ils comprendre qu'à la maîtrise des connaissances il faut ajouter l'efficacité de l'organisation pour se maintenir".

Le colloque du Caire (1974) évoqué plus haut consolide la collaboration entre les deux hommes pour la réécriture de l'histoire de l'Afrique et partant de l'humanité, sur des bases strictement objectives.

Les acquis du colloque du Caire provoquent des fissures dans le dispositif d'isolement dressé autour de Cheikh Anta Diop. La technicité du débat scientifique, dévoile jour après jour, l'incompétence et l'imposture africaniste qui se réfugie de manière malsaine, hier comme aujourd'hui encore, dans une pseudo critique à caractère psychanalytique ou dans le procès d'intention.

Cheikh Anta Diop et Théophile Obenga se sont attachés, parallèlement à leurs recherches, à sensibiliser les Africains à l'histoire de l'Afrique avant la colonisation, aux enjeux vitaux qui lui sont associés, à faire naître des vocations, au moyen de conférences, de colloques, de longues interviews en Afrique, en Europe, dans les Caraïbes, aux États-Unis.

Au fil des années des Africains se sont engagés dans la voie de l'égyptologie, tout en se heurtant, d’une part à l’hostilité du milieu universitaire, notamment francophone, où une telle orientation est "politiquement incorrecte" et d’autre part à la faiblesse des moyens matériels.

Les continuateurs. L'École africaine d'égyptologie

Une école africaine d'égyptologie s'est progressivement constituée. C'est le lieu de souligner, ici, toute l'importance que revêt la connaissance de l'intérieur de l'univers négro-africain, particulièrement à la langue, la culture matérielle, les conceptions philosophiques, religieuses et socio-politiques. On touche donc du doigt les critères mêmes que doit satisfaire un spécialiste véritable de l'Afrique ancienne.

Les grandes orientations de travail de l'école africaine d'égyptologie recouvrent les thématiques développées par Cheikh Anta Diop, rappelées plus haut, ainsi que les recommandations du colloque d'Égyptologie du Caire. Les résultats les plus récents des recherches linguistiques, culturelles de manière générale sur la civilisation pharaonique alliés à ceux des recherches archéologiques illustrent la pertinence scientifique du cadre de travail négro-africain, son caractère éminemment fécond. La revue ANKH, Revue d'égyptologie et des civilisations africaines, a justement pour vocation de publier de tels acquis. ANKH signifie la "Vie" en langue égyptienne pharaonique. Créée en 1992, elle est dirigée par le professeur Théophile Obenga. Les collaborateurs de ANKH sont des chercheurs de divers pays, marque de son ouverture internationale. On y trouvera, outre les études consacrées à l’Antiquité égypto-nubienne (linguistique, culture matérielle, philosophie, religion, archéologie,...), des synthèses sur l'Afrique en général, une section sciences exactes (physique, mathématiques, informatique, ...), et une rubrique bibliographique. Parallèlement, toute une série d’ouvrages traduit la richesse de la recherche égyptologique africaine (cf. bibliographie). Cette production intellectuelle de haut niveau s’enrichit chaque année de nouvelles études et constitue la base nécessaire d’un enseignement de qualité sur l'Afrique ancienne.

En 1981, Cheikh Anta Diop est enfin nommé professeur d'histoire associé à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Dakar, c’est-à-dire vingt sept ans après la parution de Nations nègres et Culture, vingt et un ans après son Doctorat d'État. Il y enseignera en maîtrise, en DEA et dirigera des thèses jusqu'à sa disparition en 1986. La relève est assurée aujourd'hui par Aboubacry Moussa Lam et Babacar Sall, égyptologues à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.

Sollicités par nombre de clubs, de cercles d’études, d'associations comme les Générations Cheikh Anta Diop du Burkina-Faso, du Niger, du Mali, du Sénégal, les égyptologues africains assurent également une vulgarisation sur l’histoire ancienne de l’Afrique à travers cours, conférences, séminaires, expositions organisés en Afrique, aux États-Unis, dans les Caraïbes, en Europe.

La jeunesse africaine du continent et de la diaspora est désormais édifiée sur la période de son histoire qui précède les quatre siècles de la traite négrière atlantique et d'occupation coloniale, jusqu'aux périodes les plus reculées. L'œuvre de Cheikh Anta Diop montre la nécessité pour l'Afrique d'un retour à l'Égypte ancienne dans tous les domaines : celui des sciences, de l'art, de la littérature, du droit, ... La démarche historique, loin d'être conçue comme un repli sur soi ou une simple délectation du passé, permet à Cheikh Anta Diop de définir le cadre de réflexion approprié pour poser, en termes exacts, l'ensemble des problèmes culturels, éducatifs, politiques, économiques, scientifiques, techniques, industriels, etc., auxquels sont confrontés les Africains, aujourd'hui, et pour y apporter des solutions. C'est pourquoi toute son œuvre se présente comme le socle même d’une véritable renaissance de l'Afrique :

"[Et] les études africaines ne sortiront du cercle vicieux où elles se meuvent, pour retrouver tout leur sens et toute leur fécondité, qu'en s'orientant vers la vallée du Nil. Réciproquement, l'égyptologie ne sortira de sa sclérose séculaire, de l'hermétisme des textes, que du jour où elle aura le courage de faire exploser la vanne qui l'isole, doctrinalement, de la source vivifiante que constitue, pour elle, le monde nègre" (Antériorité des civilisations nègres - mythe ou vérité historique ?, op. cit., p. 12).
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Tenda blast
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Message par Tenda blast » 17 avr. 2010 15:34

Très intéressant !! Merci
par contre je suppose que c'était un travail préalable pour une de tes recherches, ou bien exprès pour RRF ??
One blessed love

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