Merci pour ces pistes même si je suis pas à la recherche d'une recette miracle, je constate et partage juste quelques impressions. J'ai assez de disques pour les faire tourner sans m'en lasser, mais la recherche de nouveaux morceaux qui te retournent et surtout leur découverte fait aussi partie de l'intensité de l'écoute. A yard ça devait être l'effusion de vivre cette création en direct avec des nouveautés permanentes et tout ce qui l'accompagne.
Pour la piste de l'âge, j'ai largement passé le cap des 27... ça doit pas être hormonal dans mon cas
C'est sûr que d'avoir des enfants a un impact sur les possibilités d'écoute et le budget mais c'est pas ça, ma relation avec le reggae n'a rien d'un hobby ou une activité de remplissage, ni même d'un support identitaire dans ma relation avec les autres. C'est incrusté dans ma chair, j'y peux rien, j'ai été heurté et happé et j'ai passé plusieurs années sans me rendre compte qu'il existait d'autres personnes dans la même situation, ce qui ne me posait aucun problème en soi, je vivais ça seul mais intensément. Un peu comme Jaman qui a fait son coming out (grandiose) récemment
C'est cette énergie que me procure la musique qui m'a ensuite poussé à organiser des soirées et le Cane river, lorsque j'ai compris que je n'étais pas tout seul, je débordais de cette énergie à partager. Who feels it knows it. On se connaît personnellement avec beaucoup de membres du forum uniquement à cause de cette force qui nous unit, sinon il n'y aurait aucune raison que l'on se connaisse ou se rencontre, mais c'est une énergie très forte qui par la force des choses nous a rassemblé, c'est pas un plan prémédité.
Je suis passé au vinyle vers 18 ans pour le reggae et vers 20 ans déjà je n'achetais ou n'échangeais plus de CDs. Quand on a découvert la source, on ne se satisfait plus d'eau en bouteille. Le passage aux vinyles permettait aussi de découvrir la musique par d'autres voies, en se laissant guider au fil des découvertes hasardeuses et ça j'ai toujours adoré. J'ai commencé à acheter en ligne tôt sur eBay (fin 90's) et il n'y avait pas encore de samples, il fallait tâtonner au label, au producteur, à l'artiste... et envoyer du pognon en jamaïque avec des chèques postaux qui mettaient des plombes et souvent se perdaient... J'ai claqué absolument chaque centime que je pouvais mettre en vinyle pendant au moins 12 ans... Une vie très simple mais riche musicalement. C'était vraiment une quête lente mais prenante.
Pour ce qui est des mp3 et youtube là j'ai flairé très tôt le risque de surconsommation et j'y ai très peu trempé, d'autant qu'au début, tout ça était beaucoup trop obscur pour être accessible. Pas de surconsom' de mon côté même si je trouvais beaucoup de vinyles au début, c'était surtout des singles, au final ça faisait quelques morceaux par mois et avec pas mal de déchets au début. Je n'ai jamais eu de disques durs plein de morceaux que je n'avais jamais écouté.
L'arrivée d'un paquet par la poste était le moment phare de la journée et ça l'est encore parfois
Cette sensation et cette passion ne sont pas un feu de paille ni une orgie, ce n'est pas frénétique mais intensément une tuerie et les seules fois où je suis allé trop loin, c'était pour le prix que je mettais mais pas le nombre de disques, j'ai toujours été très sélectif.
C'est donc pas un contre coup de boulimie, non, une vraie émotion sincère. Je devais parfois arrêter le morceau avant la fin tellement ça me renversait, c'était trop violent à encaisser. Je me rappelle encore la première écoute du Sleeping trees des Saints quand est sorti STUDIO ONE ROOTS 2, j'ai eu un black out complet... Aucune des drogues que j'ai croisé dans ma vie n'a approché cette sensation qui reste sans équivalent pour moi sur terre.
J'écoute aussi d'autres styles, r&b, cumbia, afro, psych turc, garage... Je suis même passé aux 78tours pour le blues, le son et la cumbia... Mais même si j'aime beaucoup ces styles, aucun n'induit la même intensité (peut être que Lightnin' Hopkins parfois quand même...). J'y peux rien, c'est comme ça. Tout comme le fait que je sois très ciblé sur un style dans le reggae (mais finalement aussi dans tous les autres styles!), c'est comme ça, c'est pas une fermeture d'esprit, je vais pas me forcer, je suis content de sentir ce que j'aime.
Mais bon, j'en trouve moins, c'est tout...
Quand je regarde Rootikalist, avec qui on marchait ensemble et avec la même intensité à une époque, je vois bien que pour lui aussi c'est la même chose. Mais lui a trouvé un autre style qui lui procure la même chose, pas moi. C'est la vie. Faut que je me lance dans la prod... mais bon ça c'est du temps et là avec les enfants, j'en ai justement pas beaucoup...
Finalement, comme toi Papayatik, il m'arrive d'avoir des too much musicaux et même après le Cane, je fais souvent 1-2 jours de pause.
Putain je vais arriver à le battre ce post le plus long du forum, ou pas...