Tu as parfaitement raison de distinguer la musique (immatérielle) et son support (matériel). Mais la matière (en l’occurrence le bout de plastique de 7 pouces), n'est-il pas ce qui donne son existence concrète à cette "chose" indéfinissable qu'est la musique ? Ne vit-on pas dans un monde de matière ? N'est-ce pas grâce à cette matière que cette musique a survécu jusqu'en 2014 et traversé des océans ? Dès lors, et même s'il est nécessaire de distinguer la musique et son support, il est impossible de les dissocier. Si on laisse les bouts de plastiques se faire accaparer, c'est la musique elle-même(et toute sa valeur culturelle) qu'on laisse se faire accaparer. Et - pardon de tourner en boucle - mais la recette on la connait, c'est le Capital, qui accapare.
A moins de penser que chaque musique ou pratique musicale soit le pur produit d'une emanation du divin, la musique ne peut qu' etre entendu, comprise, etudiée que comme une realité materielle objective.
les sounds, les musiciens, les studios, le public, les traditions musicales, les evolutions technologiques les traversants, sont autant de realités concretes, materielles de son expression que les 7".
Debord aurait pu dire que ce dernier n'est que la forme spectaculaire d'un objet de diffusion de masse du spectacle concentré en lui-même tant en tant qu'objet qu'en tant qu'usage privé -et spéculatif- de ce spectacle,
...La Jamaïque vient de se doter d'une Fondation Publique pour l'Archivage, la Preservation et la Transmission du Patrimoine Musical de la Jamaique.
Prenant exemple sur l'Egypte qui reclame aux musées et collections la restitution de son patrimoine antique, celle çi vient de décréter " un droit prioritaire et inaliénable de propriété sur l'ensemble des supports incluant de la musique jamaicaine".
En gros, disques 7" 10" 12", k7 , plates, masters, etc.. sont expropriés -à l'amiable, bien sur, en echange de copies parfaites ; et nationalisés dans un but de preservation.
Des avocats et representants sont déjà sur le coup qui recensent les differentes collections. Environ 120.000 pieces ont deja été restituées, sont sauvergardées, puis archivées, les copies seront bientot mises a disposition du public a un prix modique permettant sa transmission et de tordre le cou à toute speculation.
Au debut, certains collectionneurs renaclent, mais devant l'ampleur du projet et sa realité concrete ajouté aux arguments calibrés des meilleurs avocats jamaicains il est difficile de tenir une position d'accaparement privatif et restrictif des oeuvres, et eux meme participent bientot a l'archivage du projet...